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Pochette CD Napoléon

OLIVI MUSIC édite un CD sur les musiques napoléoniennes

(titre "Napoléon" avec 28 morceaux de musique).

Liste des musiques du CD Napoléon

On pourrait faire l'Histoire de notre nation avec les chansons, les hymnes et les marches guerrières qui surgirent à chaque période de nos troubles civils, de nos succès et de nos désastres.

L'air : Ah! ça ira, manifestation des voeux du peuple des faubourgs, en 1793, ouvrirait la marche; puis viendrait la Marseillaise, qui conduisit tant de fois nos bataillons à la victoire, et racheta ainsi la hideuse Marseillaise vociférée; autour des échafauds; Puis, le Chant du départ, qui ne se présenterait pas sous des auspices moins glorieux; enfin, à toutes ces brûlantes inspirations provoquées par la fièvre de la liberté, succèderait, dans des temps plus calmes, le Réveil du peuple, éloquente et magnifique protestation contre les excès révolutionnaires. La vieille génération doit se rappeler avec quel enthousiasme ces beaux vers, commençant ainsi : « Peuple français, peuple de frères, etc., » rehaussés encore par une musique pleine de majesté, furent applaudis, ainsi que cet air : Veillons au salut de l'Empire, tiré d'un opéra de l'ancien répertoire de Feydeau ; et pour terminer la nomenclature, ces deux airs : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille? fameux duo de Lucite, de Grétry; et La Victoire est en nous ! du grand opéra de la Caravane du Caire, également de Grétry, qui trouvaient tous deux une application heureuse à des événements glorieux pour le pays.

Il est digne de remarque que Napoléon, général en chef, consul et empereur, fit constamment un usage très modéré des chants patriotiques. Au siège de Toulon , un colonel d'infanterie, marchant à l'assaut des ouvrages avancés construits par les troupes anglaises, s'avisa de faire jouer, par la musique de son régiment, la Marseillaise. Bonaparte courut au galop au front de la colonne, et cria d'une voix stridente :

« Point de musique ! mais la charge; rien que la charge, entendez-vous ! »

On obéit, et le bastion fut emporté à la baïonnette, au bruit des fifres et des tambours.

En effet, le père Daniel , dans son Histoire de la Milice française, dit : « Nos aïeux, les Francs, s'animaient, en marchant au combat, par une petite flûte fort aiguë et fort glapissante, qui avait le double avantage de marquer la cadence du pas et de couvrir les cris des blessés, plaintes qui sont toujours pénibles à entendre pour le soldat, quelque aguerri qu'il soit, au commencement d'une action et avant que le combat soit bien animé. »

La plupart des marches de la Garde consulaire et de la Garde impériale avaient été composées, par les chefs de musique de ces divers corps, sur un thème quelquefois emprunté à un grand opéra du temps. C'est ainsi que la belle symphonie guerrière intitulée, Marche du camp de Boulogne, ressemblait au magnifique coeur de diables, dans l'opéra d'Alceste, de Gluck. Ce coeur, dont toutes les parties sont écrites pour des voix de basse, devait produire un effet magique, exécuté par la musique militaire de la Garde consulaire, qui était alors le premier corps de musique de l’armée. Quant à la Marche de la Garde consulaire à Marengo, rien ne devait être plus imposant et plus terrible que cette troupe d'élite manoeuvrant; comme à une parade, dans la plaine de San-Juliano, au son de cette bruyante harmonie, devant une armée ennemie qui n'avait qu'à resserrer ses deux immenses ailes pour l'écraser et l'anéantir !

Selon Quinte-Curce, Alexandre le Grand fit célébrer les funérailles d'Ephestion, son ami le plus cher, avec une magnificence qui surpassa tout ce qu'on avait vu jusqu'alors de plus merveilleux dans les jeux funèbres de la Grèce, Napoléon , lui aussi , avait , comme Alexandre, son Ephestion , et cet Ephestion était le maréchal Lannes, le plus intrépide de ses lieutenants. La perte du duc de Montebello, blessé mortellement à Essling, en 1809, fut pour la France un deuil qui se transforma en regrets universels.

Paris se souviendra longtemps du luxe que l’Empereur fit déployer pour la translation des dépouilles mortelles du maréchal Lannes, de l'hôtel des Invalides au Panthéon. Ce n'était point un cortége, c'était une armée tout entière qui marchait, armes basses et drapeaux voilés, derrière le cénotaphe du héros. Rien n'était plus beau que ce défilé funéraire d'une année au milieu de Paris, et rien n'impressionnait davantage; que ces drapeaux victorieux, au nombre de quarante, qui escortaient le colossal corbillard, et qui mêlaient aux lourdes draperies d'argent de son dôme, leurs plis de strie criblés par la mitraille.

Cette marche funèbre était du célèbre Beethoven, qui avait pour ces sortes de compositions toute la science et toute l'inspiration convenables. Cette marche funèbre était interrompue, de cinq minutes en cinq minutes, par le roulement, sourd et prolongé comme un tonnerre, de trois cents tambours. A ce bruit formidable, à ces accents lugubres qui s'élançaient des tubes de cuivre, à ce roulis des canons et des obusiers à gueule béante, on aurait cru assister à la pompe funèbre d'un géant, ou de ce terrible Roland, neveu de Charlemagne, qui, tué à Roncevaux, fit fuir les ennemis par le seul bruit que produisit le choc de sa cuirasse contre le granit des Pyrénées.

Un soir, Chérubini se trouvant chez la reine de Hollande, se mit au piano, sur l'invitation de la princesse, et improvisa une marche militaire qui, plus tard gravée, obtint un succès unanime. En 1811, le régiment des pupilles de la Garde ayant été formé, le colonel de ce nouveau corps, qui avait entendu la marche du maestro, la fit exécuter par la musique de son régiment.

Quant aux marins de la Garde, ils avaient, en allant au combat, une marche sombre et terrible comme la tempête. On appelait cette marche, le Branle-bas général des marins; et, certes, elle était bien nommée, car ce bataillon, qui fit des prodiges de valeur en Allemagne, en Espagne, en Russie et dans les campagnes de France, était indomptable à la baïonnette. Ce branle-bas se composait de la vulgaire batterie de tambours appelé; la charge, et d'un ronflement d'instruments de cuivre, tels que trompettes et trombones.

D'après le témoignage des officiers généraux qui ne cessèrent d'être à la tête des grenadiers de la vieille Garde pendant la bataille de Waterloo, il est constant que la musique exécuta, à diverses reprises et durant les péripéties de cette sanglante journée, des morceaux tirés de l'opéra de Fernand Cortes, de Spontini; et entre autres une marche guerrière composée par Guebeauer ainé, chef de musique du 1er  régiment de grenadiers à pied. Au bruit de cette musique électrisante, la vieille Garde impériale renversait tout sur son passage... nul doute que les alliés n'eussent été battus à Waterloo comme ils l'avaient été la veille à Fleurus et à Ligny, si le destin n'en eut ordonné autrement. La musique se tut, couverte par le cri suprême de Vive l’Empereur ! poussé par dix mille guerriers mutilés, qui ne furent bientôt plus que des cadavres !

Saint Hilaire

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