Organisation de l'infanterie

Principales évolutions

 

1803

Par un arrêté du 24 septembre, Bonaparte supprime la dénomination de demi-brigade et rétablit celle de régiment.

Il fixe à 90 le nombre des régiments de ligne et à 27 le nombre des régiments d’infanterie légère.

Ces régiments, comptant 3 ou 4 bataillons, conservent les numéros des demi-brigades dont ils sont issus.

1804

Lors du camp de Boulogne, Napoléon organise l’armée en corps, divisions et brigades, dotés de leur état-major et de leur matériel.

Il crée des compagnies de voltigeurs.

1805

L’infanterie française compte 89 régiments d'infanterie de ligne et 26 régiments d'infanterie légère, dont l’organisation est la même.

Le régiment comprend 2 bataillons de guerre et 1 bataillon de dépôt.

Ce dernier est essentiellement composé de conscrits en cours d'instruction militaire.

Le bataillon comprend 1 compagnie de grenadiers et 8 compagnies de fusiliers.

Par la suite, l'une des compagnies de fusiliers est convertie en compagnie de voltigeurs.

La compagnie a un effectif théorique de 123 hommes, mais dans la réalité elle en compte rarement plus de 80.

L'armée compte quelques corps à organisation particulière :

4 régiments suisses à 4 bataillons, chacun de 10 compagnies ;

1 légion irlandaise, à 2 bataillons ;

1 régiment étranger dit " de la Tour d'Auvergne ", à 2 bataillons ;

1 légion hanovrienne, à 2 bataillons ;

1 légion dite "du Midi ", à 2 bataillons de ligne, formée de piémontais ;

1 régiment dit "des tirailleurs du Pô ", à 2 bataillons légers, formé de piémontais, auquel est associé le bataillon des tirailleurs corses ;

1 division dite "des Grenadiers réunis ", composée uniquement de compagnies de grenadiers (ou de carabiniers) prélevées dans leur bataillon d'origine.

Cette division comprend 2 brigades, chacune à 2 régiments de 2 bataillons.

Chaque bataillon a 8 compagnies d’environ 80 hommes.

Lorsque les chevaux viennent à manquer, certains dragons sont reconvertis en fantassins.

Une division est ainsi formée en août 1805 en prélevant 1 escadron dans chacun des 24 régiments de dragons.

Cette division comporte 4 régiments de 2 bataillons, chacun de 3 escadrons de 300 hommes.

Cette formation est provisoire : dès que leur remonte est possible, les dragons rejoignent leur corps d'origine.

En septembre 1806, pendant la campagne de Prusse, 2 régiments de dragons à pied à 2 bataillons sont de nouveau formés et rattachés à la Garde.

1807

Par décret du 5 mars 1807, Napoléon crée 5 légions de défense des frontières, fortes chacune de 6 bataillons de 8 compagnies d’infanterie et 1 compagnie d’artillerie.

Chaque compagnie a un effectif théorique de 160 hommes, dans la réalité environ 120.

Ces bataillons, sans cesse renouvelés, constituent des réserves permanentes.

En plus des troupes étrangères déjà évoquées, l’infanterie française s’est renforcée de la Légion de la Vistule, formée avec des polonais.

Cette légion comprend 3 régiments d'infanterie à 3 bataillons, organisés sur le modèle français, et un régiment de cavalerie (lanciers).

1808

Un décret impérial du 18 février 1808 modifie encore l'organisation de l'infanterie.

Le régiment comporte cette fois 4 bataillons de guerre et 1 de dépôt.

Dans la réalité, il y a rarement plus de 3 bataillons de guerre.

Le bataillon est composé de 4 compagnies de fusiliers (ou de chasseurs), 1 de grenadiers (ou de carabiniers) et 1 de voltigeurs.

La compagnie a un effectif théorique de 140 hommes.

Dans la réalité, la compagnie dépasse rarement 120 hommes.

De nouveaux corps sont créés en Espagne :

Le Deuxième Corps d'Observation de la Gironde, formé pour l’invasion du Portugal, comprend 10 bataillons issus des légions de réserve (évoquées ci-dessus), 2 bataillons de la Garde Municipale de Paris, 5 bataillons d'infanterie légère et 4 bataillons suisses.

En 1809, les débris des légions de réserve constituent 2 régiments de ligne.

Le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan, formé pour assurer les communications avec la France, est créé à partir de compagnies prélevées dans les bataillons de dépôt de divers régiments.

A terme, ce corps forme 2 nouveaux régiments de ligne.

34 compagnies de chasseurs de montagne sont créées pour garder les communications et opérer sur les arrières de l'ennemi (des commandos en quelque sorte).

En 1811, ces compagnies sont regroupées en 3 régiments qui sont dissous en 1814 et incorporés dans l'infanterie légère.

1810 - 1812

En 1810, 6 régiments de ligne et 2 régiments légers hollandais sont incorporés à l’armée française et forment 3 régiments de ligne français et 1 régiment léger français.

En 1811, 2 régiments de ligne sont créés sur les côtes de l’Allemagne.

Ces nouveaux régiments, à la fidélité douteuse, sont par la suite soit incorporés dans d’autres corps, soit dissous.

En 1812, l’armée française engage dans la campagne de Russie :

- 42 régiments d'infanterie de ligne ;

- 11 régiments d'infanterie légère ;

- 4 régiments suisses ;

- 4 régiments étrangers de l'armée française ;

- 12 régiments étrangers soldés par la France (polonais, espagnols, portugais, croates, illyriens).

La plupart de ces régiments ne comporte que 3 bataillons de guerre.

En fin de campagne, on peut estimer que près de 50 régiments d’infanterie ont été presque totalement anéantis. Les Russes affirment alors avoir fait brûler 240.000 cadavres humains !

1813 - 1814

Après la désastreuse retraite de Russie, l'armée est réorganisée avec les survivants, des troupes tirées d'Espagne, des troupes étrangères et surtout les conscrits, plus ou moins encadrés par les vieilles moustaches.

La Garde Nationale fournit 88 bataillons qui forment 19 régiments d'infanterie de ligne.

Ces régiments sont à 4 bataillons, chacun de 6 compagnies (1 de grenadiers, 4 de fusiliers, 1 de voltigeurs).

Il faut encore souligner que l'effectif réel des compagnies dépasse rarement 80 hommes.

En 1813, sont formés 4 régiments dits "de marine ", composés avec les artilleurs de marine laissés à terre pour la défense côtière et convertis en fantassins.

Ces 4 régiments comportent 4 bataillons, chacun de 4 compagnies de 160 hommes.

L’armée impériale compte alors environ 360.000 hommes, formant 374 bataillons français et 99 bataillons étrangers.

A la suite de la trahison de nos "alliés ", la plupart des troupes étrangères sont licenciées par un décret du 25 novembre 1813.

Durant la première restauration, l’organisation de l’armée française est modifiée mais pas totalement bouleversée.

Les numéros régimentaires sont en partie revus et le nombre des cadres est réduit.

Les régiments ne conservent pour la plupart que deux bataillons. 

1815

Dès son retour de l'Ile d'Elbe, Napoléon entreprend dans l’urgence la réorganisation de l'armée.

Il attribue aux régiments leur ancien numéro, rétablit la cocarde tricolore et recrée des troisièmes, quatrièmes et cinquièmes bataillons dans tous les régiments.

Au moment de Waterloo, l'infanterie française aligne 90 régiments de ligne, 15 régiments légers et 4 régiments suisses.

Les régiments sont en général à 2 bataillons, parfois à 3.

Les bataillons comptent 6 compagnies dépassant rarement 80 hommes.

Les projets portaient sur la création de 20 régiments de marine (voir ci-dessus) et 200 bataillons de gardes nationaux.

Ces bataillons devaient aligner 2 compagnies de grenadiers et 2 compagnies de voltigeurs, toutes à 120 hommes. Aucune compagnie de fusiliers n’était prévue.

Le renouvellement des effectifs

En campagne, lorsque les effectifs des régiments avaient diminué, on conservait un ou deux bataillons de guerre dûment complétés, puis on renvoyait les autres bataillons (essentiellement les cadres) vers les dépôts d’où ils revenaient avec leurs effectifs complets, prêts à reprendre les opérations. Et ainsi de suite, à tour de rôle.

A partir de 1812, le système évolua vers la composition de régiments de marche formés à partir de détachements tirés des dépôts, théoriquement en état de combattre et d’être endivisionnés.

A leur arrivée à l’armée, les effectifs des régiments de marche étaient versés dans les régiments auxquels ils étaient destinés.

A noter que ces régiments de marche étaient souvent composés des résidus des classes déjà appelées et de déserteurs amnistiés.