La cavalerie impériale
par Alain Cerri
La cavalerie est utile avant,
pendant et après une bataille. Une armée supérieure en cavalerie aura
toujours l'avantage de bien couvrir ses mouvements, d'être toujours bien
instruite des mouvements de son adversaire et de ne s'engager qu'autant qu'elle
le voudra. Ses défaites seront de peu de conséquence et ses efforts seront décisifs.
Sans cavalerie, les batailles sont sans résultat.
Avant la bataille, la cavalerie éclaire l'armée ; pendant la bataille, elle soutient l'infanterie, exploite ses succès ou crée l'"événement" ; après la bataille, elle poursuit l'ennemi ou couvre la retraite.
A. ORGANISATION FONCTIONNELLE :
1) CAVALERIE LÉGÈRE : HUSSARDS
pour la reconnaissance et CHASSEURS pour la poursuite.
2) CAVALERIE DE LIGNE : DRAGONS en soutien de la
cavalerie légère, tête de pont (à pied) et LANCIERS en appui direct.
3) GROSSE CAVALERIE : CARABINIERS et CUIRASSIERS en soutien de la légère, de la ligne et pour créer l'"événement" (rupture d'un front).
RÉPARTITION et ÉVOLUTION :
1804 :
CAVALERIE LÉGÈRE : 10 régiments
de hussards ; 24 de chasseurs.
CAVALERIE DE LIGNE : 30 régiments
de dragons.
GROSSE CAVALERIE : 2 régiments
de carabiniers ; 12 de cuirassiers.
GARDE IMPÉRIALE : 1 régiment de
chasseurs à cheval (légère) ; 1 régiment de grenadiers à cheval (grosse) :
Vieille Garde.
Soit 80 régiments (35 de légère, 30 de ligne, 15 de grosse), chacun à 4 escadrons de 120 cavaliers (env. 500 "sabres") : quelque 40 000 cavaliers au total.
1806 - 1807 (apogée) :
A la Garde impériale,
s'ajoutent 1 régiment de dragons et 1 régiment de chevau-légers (ligne) :
Moyenne Garde.
Tous les régiments passent à 5 escadrons de 160 cavaliers (env. 800 "sabres") : quelque 65 000 cavaliers au total.
1809 - 1812 :
2 nouveaux régiments de
cuirassiers ; les carabiniers se cuirassent : 16 régiments cuirassés.
10 nouveaux régiments de
chevau-légers lanciers (1 pour la Garde dont le régiment de chevau-légers
devient aussi lanciers).
6 régiments de dragons supprimés.
2 nouveaux régiments de hussards.
6 nouveaux régiments de
chasseurs.
Soit 96 régiments (42 de légère, 33 de ligne, 16 de grosse et 5 de la Garde en dernière réserve) : env. 77 000 h. au total.
1813 - 1815 :
En 1813, la Garde impériale accueille 3 régiments d'éclaireurs (légère) et 4 de gardes d'honneur (ligne) : Jeune Garde (en première réserve), mais la cavalerie, reconstituée tant bien que mal après la campagne de Russie, ne compte plus qu'env. 45 000 h. pour la campagne d'Allemagne. L'année suivante, lors de la campagne de France, elle est même réduite à env. 15 000 cavaliers qui sont à peine le double en 1815 (env. 22 000 dans l'armée du Nord en Belgique).
B. ORGANISATION TACTIQUE :
1) ORGANISATION GÉNÉRALE : les régiments de cavalerie, articulés en quatre, puis, de 1806 à 1809, en cinq escadrons (de cent à deux cents cavaliers répartis en compagnies et pelotons), sont groupés par deux ou trois en brigades qui, couplées, avec une batterie d'artillerie à cheval (une pièce par régiment), constituent une division.
2) ORGANISATION PARTICULIÈRE :
CAVALERIE LÉGÈRE : organisée en brigades à trois régiments ou divisions à quatre régiments, chacune attachée à un corps d'armée.
En 1806, trois brigades à deux
régiments, en 1807, une division organique, puis une autre en 1809, sont placées
au sein de la réserve générale dans laquelle, en 1812, une division à quatre
régiments est attachée à chacun des quatre corps de cavalerie et, en 1815,
deux divisions forment un corps de cavalerie légère.
CAVALERIE DE LIGNE : organisée
en divisions à quatre régiments (dragons et lanciers), détachées auprès des
corps d'armée, ou à quatre-six régiments (dragons), placées au sein de la réserve
générale dans laquelle, en 1812 et 1815, deux d'entre elles forment un corps
propre. (En 1812, un régiment de lanciers est attaché à chacune des divisions
de grosse cavalerie ; en 1815, une brigade de lanciers à deux régiments est
attachée aux deux premiers corps d'armée.)
GROSSE CAVALERIE : organisée en
divisions à quatre-six régiments (deux en 1805, trois en 1809, quatre en 1812
et 1815), fer de lance de la réserve générale dans laquelle, en 1812, deux
d'entre elles forment un corps propre et, en 1815, les quatre divisions forment
deux corps.
N.B. A partir de 1805, la réserve
de cavalerie rassemble les divisions de grosse cavalerie (forcément cavalerie
de réserve) et deux à quatre divisions de ligne (dragons). En 1807, elle
comprend organiquement une division de légère, suivie d'une autre en 1809. En
1812, elle est organisée en quatre corps (un de grosse cavalerie, un de ligne
et deux mixtes), chacun à deux divisions, une division de légère et de
l'artillerie à cheval. En 1815, elle comporte également quatre corps plus réduits
(à deux divisions) et de l'artillerie à cheval : deux de grosse cavalerie, un
de ligne et un de légère.
A la fin de l'Empire, la Garde
impériale, outre deux escadrons de gendarmes d'élite, comprend :
- un régiment de grenadiers (grosse) et un de chasseurs
(légère) avec la compagnie de mamelouks, chaque régiment ayant deux escadrons
supplémentaires de vélites (aspirants-officiers).
- un régiment de dragons, dits
"de l'Impératrice", et deux de lanciers : lanciers polonais et
lanciers rouges (ligne).
- trois régiments d'éclaireurs (légère) et quatre de gardes d'honneur (ligne).