Bataille de Molojaroslawetz

Le 24 octobre 1812

Après avoir abandonné Moscou le 19 octobre, Napo­léon et la Grande Armée font route vers le sud-ouest dans l'intention d'atteindre la région fertile proche de Kalouga avant d'obliquer à l'ouest, en direction de la Pologne. L'avant-garde, commandée par Eugène, progresse sans encombre jusqu'au soir du 23 octobre. Elle se trouve alors en vue de Molojaroslawetz, sur la Loucha, qui ne présente aucun signe d'occupation par l'armée russe. Mais, en réa­lité, Koutouzov apprenant la direction prise par les Fran­çais, a envoyé de toute urgence de Taroutino le corps de Doctorov sur la Loucha. Les Français, qui sont 15 000, ont en face d'eux 20 000 Russes. Napoléon décide néanmoins de prendre dès le lendemain matin d'assaut le pont sur la Loucha.

Au cours des violents combats qui suivent cette tentative, le pont est pris et repris sept fois. Les Français sont sur le point de réussir quand Doctorov reçoit à point nommé des renforts de Raevski, qui commande le gros de l'armée russe. Contraint de faire donner ses dernières réserves, Eugène fait un ultime essai et parvient à reprendre le contrôle du pont et de la ville. Doctorov, qui a perdu 6 000 hommes, se replie sur les crêtes dominant Molojaroslawetz, mais les Français ont perdu environ 5 000 hommes et, bien qu'ils tiennent maintenant le pont, ne peuvent prétendre s'être assuré une tête de pont solide sur la rive opposée. La Grande Armée arrive à proximité au milieu de l'après-midi, mais Napoléon décide de ne pas relancer la bataille immédiatement. Des combats de tirail­leurs reprennent le lendemain matin 25 octobre. Pendant ce temps, l'Empereur effectue en personne une reconnais­sance sur la rive sud de la Loucha et échappe de peu à un parti de Cosaques qui l'attaque par surprise. Il n'est pas impossible que cet incident ait provoqué sa décision de faire demi-tour : après un conseil de guerre orageux, il donne l'ordre à la Grande Armée de renoncer à atteindre Kalouga, de revenir sur ses pas jusqu'à Ochivogo et de prendre la route de Mojaïsk, celle-là même qu'elle a empruntée au début du mois précédent dans sa marche sur Moscou. Cette décision va être très lourde de consé­quences.